Pensez-vous que les êtres humains sont égaux entre eux ? Pensez-vous que les femmes sont des êtres humains ? Si vous avez répondu oui à ces deux questions, vous êtes féministe *, que ça vous plaise ou non. C’est aussi simple que cela.
Pourtant, beaucoup de femmes, notamment très jeunes, s’en défendent à coups de : « le féminisme, ça suffit : on n’en a plus besoin », « on aime les hommes » ou « on veut garder notre féminité… ». Fouyaya, y a comme qui dirait du nettoyage à faire !
À la création de Causette, nous n’avions pas jugé nécessaire de consacrer une rubrique spécifique au féminisme, estimant que le sujet était traité en transversal dans la majeure partie de nos pages, au travers des reportages, portraits, enquêtes, etc.
En six ans, nous avons vu, en France et en Europe, de nombreux progrès dans la lutte contre le sexisme et les violences faites aux femmes, en faveur des droits des femmes et de leur visibilité. Pourtant, il se profile dans le même temps la remise en question de certains acquis. Et le rejet inquiétant du mot « féminisme ». Nous établis- sons ce constat de mauvaise réputation à la lumière de ce que nous entendons autour de nous, dans nos vies professionnelle et privée, dans certains courriers que nous recevons. Nous constatons aussi l’augmentation des attaques antiféministes sur les réseaux sociaux aux propos, disons, très « décomplexés ». Et pourtant, le féminisme n’a jamais tué personne. Refuser le mot, c’est mettre en danger les acquis et les luttes à venir. Comment en est-on arrivé là ?
Dans un premier temps, il faut chercher à comprendre où nous avons échoué, nous, citoyennes et citoyens. Quand un message est mal entendu, ne serait-ce pas qu’il est mal émis ? Nous avons interrogé une trentaine de femmes et d’hommes, chercheurs, historiens, politiques, militants et artistes, et nous leur avons posé cette question difficile. Toutes et tous s’accordent sur le fait que le féminisme est un mouvement subversif et révolutionnaire, indispensable à tout humanisme. Mais les courants sont très contrastés, d’où la complexité à se ranger derrière ce mot.
Vous trouverez des éléments d’explication et des pistes de réflexion. Nous espérons qu’après la lecture de ces quelques pages, si vous êtes de celles qui refusent d’être une féministe (alors que vous en avez tout à fait le profil, on vous connaît !), eh bien vous accepterez de réétudier la question. Si vous êtes une féministe épanouie, puissiez- vous y trouver de quoi argumenter contre le « je ne suis pas féministe, mais… » Mais quoi ?
Dossier réalisé en collaboration avec Clarence Edgar-Rosa, Audrey Lebel, Juliette Plagnet
Illustration : BESSE
Publié dans Causette #54 – Mars 2015