Vous savez quoi ? Moi, elle me plaît bien, cette petite Empathie. Une belle personne, grâce à laquelle le monde pourrait assurément se débarrasser de ses bas-fonds. C’est une jeunette dont le nom n’apparaît qu’au début du XXe siècle et qui pourtant est considérée comme « au cœur du jeu social » d’aujourd’hui, selon le psychiatre Serge Tisseron. Pour l’essayiste Jeremy Rifkin, elle représente- rait même la condition de la survie de l’humanité. Rien que ça ! Mais au fond, c’est très logique : être capable de sortir de soi pour regarder le monde avec les yeux de l’autre permet de grandir dans la diversité.
Cette fée se penche sur les berceaux des mammifères (eh oui, les animaux aiment la fréquenter), mais peut ensuite disparaître selon notre chemin de vie. Et une personne dénuée d’empathie est un individu à pensée réduite, qui peut parfois même se révéler dangereux. Mais la bonne nouvelle, c’est que Mlle Empathie n’est pas rancunière : vous pourrez, tout au long de votre vie, la séduire à nouveau. Il vous faudra sans doute réapprendre « les autres ». Sachez que l’art en général et la littérature en particulier constitueront vos meilleurs atouts, car ils vous feront partager la vie intérieure d’une foultitude de personnages. Et ça, ça vous ouvre un sacré champ des possibles. C’est d’ailleurs parce qu’on ne trouvait pas les mots pour exprimer l’émotion ressentie devant un tableau ou un texte que la belle Empathie est apparue. Rassurant, non ?
Dossier réalisé en collaboration avec Pauline Marceillac, Anne-Laure Pineau, Pauline Baron, Cécile Andrzejewski.
Publié dans Causette #41 – Décembre 2013