Rrrrrragnagna ! Aujourd’hui, ça va pas, car j’ai mes lunes, mes coquelicots, mon coulis, mes rougets… Les Anglais ont débarqué et Tante Berthe est là. Ma minette a le museau cassé. En un mot comme en cent : j’ai mes règles. Et croyez-moi, ce n’est pas encore tout à fait « naturel » ou « normal », dirais-je. Chassées, sanctifiées, soupçonnées, elles ont traversé notre histoire et en ont vu de toutes les couleurs. Rouge était la dominante. La femme expie le péché originel ; punie, elle perd son sang. En conséquence et en gros, les trois grandes religions la remisent au fond du jardin une semaine par mois. Et zou ! Je précise que, dans le monde, certains bordels font de même. Une délicatesse ? Non, faut pas y penser. Les règles et le sexe ne font pas bon ménage. Comme dit l’adage japonais : « La tortue rentre dans sa carapace devant la lune de sa femme. » Cependant, on observe une avancée au XIXe siècle (tout de même !) : les règles seraient liées à l’ovulation (bravo !). De là, elles deviennent symboles de fertilité, de vie, de féminité. Alléluia ! Pas pour longtemps. Il semblerait que dame Nature soit une sacrée vicieuse et, pour tout vous dire, je me demande même si c’est une femme ! En effet, nous ne serions programmées que pour enfanter, enfanter, enfanter… Et l’arrivée de la pilule, en multipliant outrageusement le nombre de cycles, aurait rendu les règles dangereuses pour nous-mêmes (voir page 47). Une sorte de bombe à retardement : boum !
La résolution du mystère des règles est repoussée. Sine die ? Soyons donc attentives à ce que l’on veut faire de nos ventres.
Dossier réalisé en collaboration avec Adélaïde Robault, Marianne Niosi, Anne-Laure Pineau, Rosie Gankey, Laure Noualhat, Iris Deroeux.
Photos : Bernard Faucon/Agence Vu et Zanele Muholi © Michael Stevenson, Cape Town & Johannesburg
Publié dans Causette #32 – Févier 2013