Depuis près de quinze ans, Agnès Giard explore le Japon telle Alice au pays des merveilles. Après trois livres consacrés au rapport entre le sexe et le sacré, voici main- tenant qu’elle parle d’amour… Ou plutôt non. Elle n’en parle pas, car le concept d’amour n’existe pas au Japon. On ne dit pas « je t’aime », mais « la lune est belle », en se serrant contre l’autre. On ne dit pas « je t’aime » parce que les sentiments sont trop brefs et fragiles. Ce livre de 512 pages richement illustré, à la croisée de l’anthropologie et du conte initiatique, saisit des fragments de ce mystère japonais… Par touches rapides et saisissantes, Agnès Giard décrypte cette façon d’aimer, en apparence si éloignée de la nôtre, que les Nippons nomment «Koi» et qui pourrait se traduire par l’« appel du vide ». « Le cœur, c’est le talon d’Achille du Japon », écrit-elle. À travers cent histoires tour à tour cruellement noires, violentes, sensuelles, éclatantes et lumineuses, elle nous livre ce cœur palpitant… et fait battre le nôtre, par contagion. Liliane roudière
Les Histoires d’amour au Japon : des mythes fondateurs aux fables contemporaines, d’Agnès Giard. Éd. Glénat, 512 pages, 49 euros
Publié dans Causette #30 – Décembre 2012