Depuis quatre ans, toute personne emprisonnée a la possibilité de saisir un CGLPL (Contrôleur général des lieux de privation de liberté). Ce dernier déboule à tout moment
dans tout lieu signalé comme ne respectant pas les droits fondamentaux des personnes. La réalisatrice Stéphane Mercurio a suivi – et c’est exceptionnel – ces contrôleurs de la maison d’arrêt des femmes de Versailles à la centrale de l’île de Ré en passant par l’hôpital psychiatrique d’Évreux ou la prison ultra-moderne de Bourg-en-Bresse. Elle a filmé leurs rencontres avec ceux qui les avaient saisis. Des entretiens bouleversants d’(in)humanité. On gardera longtemps en mémoire l’image de cet homme déficient mental qui se plaint qu’on lui a pris son dessert ou celle du plus ancien prisonnier de France qui ne sait même plus pourquoi il est encore enfermé. On l’a oublié, c’est tout. Des vies bâillonnées hurlent à l’ombre de la République. On se souviendra aussi de la formidable part d’humanité de ces contrôleurs, qui hélas ! ne sont que quinze… pour des dizaines de milliers de personnes incarcérées ou internées. Un film à voir. En salles depuis le 7 mars.
Publié dans Causette #22 – Mars 2012