« Décontrachtez-vous, hi hi hi », comme disait feu Garcimore. L’art contemporain s’adresse à tout le monde, en dépit des moues dubitatives que peuvent faire naître chez nous certaines œuvres. Souvent, on pense que quelque chose nous a échappé, que si nous ne comprenons pas cet amas de pierres ou si cette répétition de tableaux monochromes ne provoque aucun émoi, c’est que, probablement, nous sommes un peu bêtes… Victoria Noorthoorn, la formidable commissaire de cette 11e Biennale de Lyon, est soucieuse de ce malaise que provoque la création artistique. Pour elle, « la responsabilité en incombe au milieu de l’art contemporain qui draine beaucoup d’argent, et pourtant la qualité et le marché n’ont rien à voir ! Le marché est tellement puissant qu’il mène à la confusion et au mépris ». D’où son exigence dans le choix des
œuvres : « Elles doivent se situer dans le monde, prendre parti. Il faut les anthropomorphiser, en quelque sorte. Quand une oeuvre est forte, elle communique. Parfois, les intentions de l’artiste sont complexes, mais si le message n’est pas entendu, ce
n’est pas grave. Le spectateur devrait avoir plus confiance en lui-même, il doit prendre le pouvoir. » Ainsi a-t-elle souhaité que cette biennale soit traversée par ce vers d’un poème de Yeats, « Une terrible beauté est née » : « La beauté a un prix très dur. La réalité
nous laisse chaque jour perplexes entre horreur et petites choses formidables. Cette exposition doit être une sorte de voyage dans le présent que le spectateur fera en immersion. C’est une construction très organique où les œuvres doivent prendre vie et se répondre. J’espère qu’elle va bousculer le regard du spectateur sur l’expérience artistique. » À partir du 15 septembre et jusqu’au 31 décembre, à Lyon, une soixantaine d’artistes du monde entier seront exposés sur 14 000 m2, répartis en quatre lieux. À découvrir sans modération, et sans complexes !
Publié dans Causette #16 Septembre – Octobre 2011