Le mystère du flamant Rose

Tout a commencé à cause des flamants roses. Depuis l’enfance, ça me chagrinait de les voir sur une patte, si frêle, avec ce pauvre gros genou qu’on croirait « devant derrière ».
L’impression qu’à tout instant le bel oiseau pouvait se casser le genou et la binette. Il était temps de résoudre le mystère du flamant rose. Eh bien, croyez-le ou non, en partant de ce genou incongru, on est arrivé au début de l’humanité. Non ?! Si !

Nous avons rencontré Marie-Claude Bomsel, vétérinaire à la ménagerie du Jardin des Plantes, à Paris, l’un des plus vieux zoos du monde, et la révélation fut un choc : « Cette articulation au milieu de sa patte, c’est sa cheville ! Les oiseaux sont digitigrades. Ils marchent en fait sur les orteils, donc tout est décalé. C’est pour ça qu’on a l’impression qu’ils plient leur genou à l’envers. » Question d’anatomie. C’est d’ailleurs la même chose dans tout le règne animal.

« Je pourrais vous dire que les phoques aussi ont des genoux, les crocodiles, les lapins… Ils ne sont simplement pas situés au même endroit, ça dépend des espèces. » La vétérinaire à la crinière de lion enchaîne avec entrain sur les équidés. « Les gens disent souvent “Ils ont quatre genoux”, mais les chevaux marchent en fait sur le bout des doigts, ce qu’on croit être des genoux sont en réalité des poignets. Leurs vrais genoux se trouvent sur les pattes arrière, sur ce qu’on appelle le grasset. »

Ainsi de suite, d’animal en animal, Marie- Claude Bomsel décrit les éléphants, qui marchent sur leurs coussinets, avec des genoux au niveau des pattes arrière. Pauvres éléphants, tellement lourds qu’ils sont obligés de s’appuyer sur leur trompe pour dormir…

« Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le genou tel qu’on le conçoit n’existe que parce que l’homme s’est mis debout au cours de l’évolution. » Une métamorphose qui a fait de cette articulation un organe fragile chez les humains, qui ne bénéficient d’aucun autre appui que leurs jambes. Les grands singes s’aident de leurs bras, les kangourous, eux, s’appuient sur leur queue pour se reposer…

Les vétérinaires traitent rarement des animaux pour de simples problèmes de genoux, à l’exception des espèces domestiquées. « Tout le monde est pareil. Surtout d’un point de vue basique, on a tous la même conformation : des pieds, des pattes, etc. On en a six, ou quatre, mais nous sommes tous issus, animaux ou humains, d’une même conformation anatomique, qui s’est ensuite déclinée différemment. » Jusqu’à en avoir des chevilles à la place des genoux.

Publié dans Causette #38 – Septembre 2013

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