Moi, j’aime ces nouvelles Mater Dolorosa de la politique. Ces femmes-mamans qui montent au front pour laver l’honneur de leur époux, même président. Anne-Aymone, Danielle, Bernadette, elles, elles faisaient leurs bonnes œuvres, des trucs de « femmes de… » et pis c’est tout ! Et je ne parle même pas de Tante Yvonne, qui semblait se foutre comme d’une guigne que son homme soit président. Quand un journaliste lui a appris l’élection du Grand Charles, elle le remercia et, avant de refermer la porte, lui dit : « Tiens, je vais lui préparer une tarte aux quetsches, il sera content. » (Véridique, enfin les quetsches, pas sûr.) Puis une nouvelle ère a débuté avec l’arrivée tonitruante (si j’ose dire) de « Carla mon mari ». Alors elle, comment elle m’a bousculé les conventions ! Faut la voir monter dans les tours pour défendre son petit Nicolas. C’est toujours jouissif de la voir mouiller ses grands yeux outragés. Le 6 mai est arrivé et « Carla mon mari » est partie. Ça m’a fait bien de la peine. Valérie l’a remplacée, mais c’est pas la même chose. Elle dit aussi des conneries, c’est pas ça le souci, mais je la trouve trop « egocentrée ».
Et puis, j’ai lu l’interview de Marie-Charline sur Lepays.fr (l’hiverfut si long !), et mon cœur s’est mis à battre. Moscovici, Pierre, vous voyez le ministre, eh bien sa compagne sort du bois ! Et là, ma Carlitta, désolée, mais elle te coiffe grave au poteau ! Dans cet entretien, on apprend plein de trucs utiles à sa défense et, notamment, à quel point elle le kiffe. Ils s’aiment d’amour. Pierre par-ci, Pierre par-là. C’est beau comme l’antique. Bientôt, elle soufflera 26 bougies « à ses côtés ». Ils ont trente ans d’écart, et alors ? « Je n’y prête pas attention, sauf lorsque Pierre me raconte le concert des Who à la Fête de l’Huma, en 72. » Rooo, tout foufou le Pierrot ! « Il craignait qu’on lui colle l’image de l’homme de pouvoir qui abuse de la petite midinette. » Quelle drôle d’idée, Marie-Chacha !
Ils se sont rencontrés il y a cinq ans, après un match : « Nous nous sommes sentis très proches tout de suite. […] Ça a été une évidence. » Ça y est, je renifle. Si elle est restée discrète jusqu’ici, là, c’en est trop ! Elle le dit franco de port : « Je suis terriblement surprise du nombre de mensonges qui sont racontés sur lui et cela me brise le cœur. » Elle poursuit : « Je vis par procuration ce qu’il subit. » C’est moche, hein ! Puis j’ai pleuré et j’ai recopié la phrase suivante dans mon cahier de textes : « C’est dans ces moments-là qu’il est important d’être deux. Il me dit souvent que je suis son phare dans la tempête. » La vache, Pierre, respect ! La politique, c’est pas son truc à elle et, taquine, elle avoue : « Au début, je me moquais gentiment de Pierre… » Depuis, elle ferme sa jolie bouche, car elle s’est « rendu compte qu’il faisait un travail phénoménal ». Oui, Marie-Chichon, ministre, c’est un métier, on est censé bosser. Mais ils arrivent à passer du temps ensemble et, en bon Pygmalion, Pierre lui apprend trop plein de trucs. Pas sexuels, non, ça elle en parle pas, je sais même pas si ça compte. Au début « ensemble, avec Pierre », ils passaient des nuits entières à « parler de bouquins », et cette jeune étudiante en philo de s’ébahir : « Il m’a fait découvrir Flaubert ! » « Ben ma puce, t’as lu quoi pendant tes études ? » aurait-on envie de rétorquer, hein ! Et y a pas que Flaubert dont elle a appris l’existence. Quand « Pierre » a été emmêlé dans l’affaire DSK, elle a découvert, devinez quoi : « J’ai découvert Twitter ce jour-là et j’ai lu des horreurs. »
On lui avait caché Twitter, roooo !
Après avoir parlé littérature la nuit pendant cinq ans, donc, maintenant, je pense qu’ils dorment et c’est mieux. Mais, avant d’aller sous la couette, « on regarde de vieux westerns en DVD avec notre chat Hamlet sur les genoux ». (C’est bon, Hamlet ? Pierre t’a expliqué, ou bien ?) Pour conclure, Marie-Chafouine m’a laissée dans une perplexité grammaticale intense : « Il y a cinq ans, on ne parlait pas du futur. Aujourd’hui nous sommes heureux ensemble. » Si l’un d’entre vous peut m’expliquer… Moi, je dis qu’en tout cas, avec des amoureuses pareilles, pas besoin d’adversaire !
Illustration : Morpheen
Publié dans Causette #35 – Mai 2013