« J’allaite si je veux, quand je veux, devant qui je veux, dans la presse si je veux. » Notre lectrice Hélène affirme haut et fort son choix dans l’un des nombreux courriers qui ont suivi la publication de notre Quiche estivale « Lâchez-nous les mamelons » 1. Quiche où nous induisions que les pouvoirs publics, et certaines associations, se liguaient pour confisquer nos seins et les confier à nos délicieux bambins voraces. C’est bien sûr un peu plus subtil que ça. Mais rappelons que dès la grossesse on commence à se dés-appartenir. Chacun s’en mêle : « Je peux toucher ton ventre ? Ça porte bonheur ! » « Et tu vas l’appeler comment ? Ouh, c’est moche ! » « Pas de péridurale, t’es dingue ? » « Et tu vas allaiter ou pas ? » « Et ta sœur ? » aurais-je envie de répondre. Se greffe là-dessus un drôle de débat dans lequel Claire se lance : « Je suis féministe et j’ai allaité ma fille pendant deux ans. » Rolàlà ! méfiez- vous, souvent féminisme varie ! Alors que le biberon était le symbole de la libération des femmes dans les années 70, aujourd’hui, ce serait l’allaitement, bien que d’autres encore y voient l’injonction d’un retour au foyer. Et si vous choisissez le biberon alors que l’OMS et le corps médical vous répètent que le lait maternel est l’aliment i-dé-al pour votre bébé, c’est que vous avez vraiment décidé d’être une mauvaise mère ! Bref, il y aura toujours quelqu’un pour donner son avis et surtout vous donner tort ! Alors, les filles, l’allaitement in ou out, on s’en fiche. Usez de votre libre arbitre sans culpabiliser et faites ce que vous voulez avec votre bébé, avec votre famille toute neuve.
Dossier réalisé en collaboration avec Marianne Niosi, Adélaïde Robault, Agnes Giard
Publié dans Causette #30 – Décembre 2012