Jules Gassot s’est lancé dans une croisade aussi vaine que ridicule : aider les jeunes
filles. Il propose une sorte de potion magique des relations amoureuses, déclinée en 93 mini-nouvelles (au moins, il essaie !) remplies de vent. Les jeunes gens rassemblés ici transpirent l’aisance et l’ennui, qui semble être son corollaire. C’est branché, happy few. On se shoote au MDMA, Moby, Dutronc, MGMT, Abba. On aime les sushis et le cul, ou pas. On passe un week-end à New York, on cite Bukowski et on évoque l’Hudson River. Mais Jules reste avec lui-même. L’animal est à coup sûr bienveillant, mais trop éloigné de la réalité, celle du plus grand nombre. Il est cultivé et nous le fait savoir au travers d’interminables citations et titres de films. C’est un livre d’amour et d’humour d’après lui. Ah oui ? C’est vrai, on sent bien qu’il ne se prend pas vraiment au sérieux, mais on ne se gondole pas non plus. Nadine de Rothschild, c’est plus drôle.
Le plus agaçant dans ce livre, c’est que c’est bien écrit. On pressent quelque chose à venir qui pourrait être beau. Jules, tu es jeune, mignon, plutôt sympa, curieux, doux, alors laisse-nous tomber. Nous, les filles, on sait très bien se débrouiller, ne t’inquiète pas. Et du fond du cœur, vivement que tu aies quelque chose à dire, quelque chose qui t’agripperait aux tripes : ça devrait être super chouette. On te renvoie la phrase d’Antonioni (p. 119) : « Ce qui est tragique, c’est qu’il faut toujours donner des preuves de
son talent à des gens qui n’en ont aucun. » Hasta la vista, sweet dear !
Manuel de savoir-vivre à l’usage des jeunes filles, de Jules Gassot, Stéphane Million éditeur, 17 euros.
Publié dans Causette #12 – Janvier/Février 2011