Hey petite ado ! Tes parents n’ont pas de fric ? Tu es une étudiante qui rêve d’arrêter la misère ou une princesse qui s’ennuie dans son palais doré ? Tu voudrais qu’il t’arrive
enfi n un truc palpitant ? C’est facile : deviens pute, tu seras riche et tendance ! C’est ce que disent tous ces signaux envoyés, en ce moment, et dont on ne retiendra ici que les trois exemples suivants, presque pris au hasard :
1. Zahia. Aujourd’hui, la demoiselle hésite encore entre prostituée et call-girl, mais elle se fait un max de blé et peut enfin chiner à Saint-Trop’. C’est top !
2. Maison close. Trois affiches, trois slogans tatoués sur la peau des ravissantes péripatéticiennes à qui, selon toute apparence, on ne la fait pas. Elles ont choisi leur activité (le fameux consentement éclairé !) et en ont la maîtrise : « Je suis la femme, c’est toi l’objet. Mon sourire est faux, mon plaisir est faux, seul ton argent est vrai. Je couche avec tout le monde, mais je ne me couche devant personne. » Et toc.
3. pourlabonnecause.com, portail Internet de sexe caritatif. Je mets des photos de moi à oilpé, même enceinte, si possible jambes écartées, et ceux qui me reluquent me versent de l’argent. Un site porno ? Que vous êtes médisantes, voyons : c’est le premier site qui allie sexe et charité. Un concept du tonnerre !
Ainsi, nos corps seraient vides, sans entrailles, sans souvenirs, sans vie. Nous pourrions ouvrir et tendre nos ventres sans aucun risque et contre n’importe quoi : de l’argent, un iPhone, un instant de célébrité ou un sucre d’orge. Notre corps nous appartient. Comme une machine à laver dont on choisit le programme ? Tssss… Il nous faudra (encore) dire aux enfants de ne pas croire tout ce qu’on leur raconte !
Illustration : Morpheen
Publié dans Causette #11 – Novembre/Décembre 2010