Les Conti. C’est comme ça qu’on appelle aujourd’hui les futurs ex-salariés de l’usine Continental Clairoix (60). Ils sont devenus les héros de la classe ouvrière dont ils ont restauré la fierté en gagnant le bras de fer contre leurs patrons et le gouvernement. Fin du parcours judiciaire le 13 janvier, avec le jugement de la cour d’appel d’Amiens sur le saccage de la sous-préfecture de Compiègne. Explications et retour sur un combat exemplaire…
2007
Les 1 120 ouvriers de Continental Clairoix (fabricant de pneus) acceptent de revenir aux 40 heures sans compensation de salaire : application des lois Tepa (lois en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat) sur les heures supplémentaires et transfert de charges contre la promesse de Continental de maintenir les emplois jusqu’en 2012.
11 mars 2009
Annonce au personnel de Continental que l’usine doit fermer, malgré l’application des lois gouvernementales et bien qu’elle engrange des bénéfices. Grève immédiate, la résistance s’organise avec une quarantaine de manifs, y compris au siège de Continental International, à Hanovre. Les Conti demandent l’annulation du plan social.
21 avril 2009
La colère est à son comble. Saccage de la sous-préfecture de Compiègne lorsque les Conti apprennent que leur demande est déboutée par le tribunal de Sarreguemines. Un « dérapage non prémédité » selon Xavier Mathieu, devenu le porte-parole des Conti.
25 juin 2009
Accord historique après maintes manifs et discussions. Au lieu de l’indemnisation proposée (0,6 mois de salaire par année d’ancienneté), les Conti, devenus entre-temps les symboles de la lutte à l’échelle nationale, obtiennent un accord tripartite entre Continental International, le gouvernement et le personnel de Conti Clairoix : 50 000 euros de prime supplémentaire et deux ans de congé de reconversion. Alors que l’État avait assuré, pendant les négos, qu’il ne se porterait pas partie civile, il porte plainte pour les dommages de la sous-préfecture.
17 juillet 2009
La procureure du tribunal correctionnel de Compiègne requiert des peines de prison avec sursis pour les ouvriers jugés responsables du saccage (identifiés grâce à un reportage de TF1). Aucune amende n’est requise. On pousse un ouf de soulagement… Délibéré le 1er septembre.
1er septembre 2009
Le délibéré du tribunal rend contre toute attente un jugement sévère : entre 3 et 5 mois de prison avec sursis et une facture présentée par la partie civile (donc l’État) de 63 000 euros, in solidum (CQFD : un des six va payer) ! C’est l’effondrement.
13 janvier 2010, 13h30
Procès en appel des six condamnés à la cour d’appel d’Amiens. Départ de la manifestation réclamant la relaxe à 11h à la gare d’Amiens.
Illustration : Roy
Publié dans Causette #6 – Janvier/Févier 2010